Côte d’Ivoire. Illustration: Leif Thomas Gjerde.
Située au Nord-Ouest de la Côte d’Ivoire (322 462 km2), la région mahou baptisée région du Bafing en 2000, s’étend sur une superficie de 8 720 km2. Elle est limitée au Nord par la région du Denguélé, au Sud par celle des Montagnes; celle du Worodougou à l’Est. Elle fait frontière avec la République de Guinée à l’Ouest.
Sur le plan administratif, le département compte 365 villages et huit (8) Sous-préfectures: Touba, Ouaninou, Guintéguéla, Koonan, Booko, Borotou, Koro et Foungbesso. Touba abrite l’unique Préfecture et est le Chef-lieu du département.
Le relief
Le relief est essentiellement fait de plateaux parsemés de collines. L’on trouve des sommets pouvant atteindre 700 à 1000 mètres d’altitude partout dans la région: Mts Zaala, Gouan (Touba), Kpoho, Kwaan, Gbakooni (Koonan). Ouaninou est entouré de montagnes, donnant une allure pittoresque à la ville. Là existe une caverne naturelle longue de plusieurs kilomètres, qui servait de refuge en période de guerre. Les montagnes de la région, aux sommets granitiques, sont toutes couvertes de végétation.
Village enclavé entre des montagnes. Foto: Tor Ove Haga.
La végétation elle est verdoyante, partout constituée de hautes herbes et d’arbres; c’est la savane arborée. Elle contient des clairières souvent dépourvues d’arbres. L’on rencontre des forêts à la broussaille quelque peu agressive dans des zones reculées des régions de Booko, Borotou, Ouaninou et Koonan à l’orée de la Guinée forestière. D’où la présence de ressources sylvicoles favorisant l’épanouissement de la faune et la flore. L’addition de tous ces facteurs donne lieu à un écosystème dense et varié.
Le climat
Le climat alterne entre deux saisons: celle des pluies appelée aussi hiver (d’avril à octobre) et celle dite sèche qui est l’été (de novembre à mars). Tout le mois d’août est caractérisé par de fortes averses rendant les routes difficilement praticables La pluviométrie est moins capricieuse, avoisinant 1500 mm3 d’eau / an. C’est une zone relativement bien arrosée, et la température varie selon qu’on est en hiver (à peu près 25 c) ou en été (jusqu’à 40 c). Mais à partir du mois de décembre, un vent sec chargé de poussière, part du Sahel et souffle sur l’ensemble de la partie Nord et Centre de la Côte d’Ivoire, provoquant un froid énorme pendant la nuit (ça. 14 c): c’est l’Harmattan. Il dure trois mois.
Forêt galerie dans la région de Ouaninou.
Foto: Tor Ove Haga.
Les cours d’eau
Plusieurs cours d’eau serpentent à travers la région. A l’Est et au Nord se trouvent d’importants fleuves ; le Férédougouba traversant tout le mahou de bout en bout, Ouest-Est. Le fleuve Bafing (qui a donné son nom à la région) est au Sud. Les rivières sont nombreuses avec pour la plupart un régime irrégulier. Pendant la saison des pluies, le flux est très important, alors que pendant la saison sèche où la pluie se fait rare, le débit de certaines de ces rivières baisse considérablement, à tel enseigne qu’elles peuvent être traversées à pied par endroit.
Aperçu pédologique
La qualité du sol est appréciable à deux niveaux: d’une part, au Nord dans la région de Koro, le sol moins riche en humus, est peu propice à la culture. D’autre part, il est fertile et arabe dans toutes les contrées Sud, Est et Centre-Ouest de la région. Là, le sol est riche en matériaux organiques, et favorable à la culture de rente (coton, anacarde, café, cacao) et à la culture substantielle (riz, igname, manioc), etc.
Selon des documents que le PRODIV (Projet de Développement Intégré Villageois) a en sa possession, les régions de Touba, Ouaninou et Koonan ont des bases montagneuses composées de granit, de gneiss et de doloris volcanique, plus jeune.
La démographie
En 1993, les Mahou étaient au nombre de 169 100 en Côte d’Ivoire (SIL : Société Internationale de Linguistique) et 179 860 en 1998 (RGPH : Recensement Général de la Population et de l’Habitat). Pour ce qui est de leur répartition territoriale nationale, le constat relevé par les différents recensements est sans ambiguïté: les Mahou sont un peuple très mobile.
Le caractère mobile de ce peuple influence beaucoup son taux de densité Ce taux est parmi les plus faibles du pays. En 1983, DERIVE rapportait que dans le département de Touba, ce taux était de 9 hab. / km2.
Environ la moitié des Mahou vit hors de sa région d’origine, habitant les grands centres urbains du pays dont la capitale Abidjan où ils étaient au nombre de 31903 en 1998 selon le RGPH.
Sur le plan local au Bafing, ils sont répartis en différents sous-groupes entre les 8 Sous-préfectures avec une forte mobilité également, les pôles économiques servant d’attraits. Ainsi, dans la région de Borotou, où il y a un complexe sucrier et un champ moderne de soja, se concentre un nombre important de populations venues des autres zones du département. Pareillement, les villes de Touba, Ouaninou et Saboudougou où l’activité commerciale est relativement florissante, les habitants sont issus de toutes les régions.
Le tracé hérité de la colonisation a laissé six (6) villages Mahou de l’autre côté de la frontière ivoirienne, c’est-à-dire en Guinée voisine.
La générosité du sol mise ensemble avec la clémence de la nature et les autres éléments géostratégiques ont certainement été parmi les motifs de l’arrivée des Mahou à Touba.